Le syndrome de l'intestin irritable ou colopathie fonctionnelle

Douleurs abdominales, troubles du transit, gaz, ballonnements à répétition – et si tu souffrais d’un trouble fonctionnel de l’intestin ou du syndrome de l’intestin irritable ? Découvre ce qu’est la colopathie fonctionnelle grâce à notre article, qui cela concerne, ses causes, conséquences et potentielles solutions.

SII ou colopathie fonctionnelle

1er Mars 2023 par Melissa Bertin, Santé

As-tu déjà eu mal au ventre ?

Et on ne parle pas d’un fast food mal passé ni d’un lendemain de soirée compliqué mais bien de gaz, ballonnements, douleurs abdominales et troubles du transit – cela au moins 1 fois par semaine durant les 3 derniers mois. 

Comme une gastro longue durée ?

Oui on pourrait dire ça, mais le vrai terme est le syndrome de l’intestin irritable (SII), colopathie fonctionnelle ou encore troubles fonctionnels de l’intestin. Le SII se définit par une douleur abdominale chronique au moins 1 fois par semaine dans les 3 derniers mois, associées à au moins 3 des points suivants : 

  1. La défécation (aller aux toilettes) 
  2. La modification de la fréquence des selles 
  3. La consistance des selles 

Les premiers symptômes doivent apparaître 6 mois avant la consultation pour poser le diagnostic. Cette définition provient des critères de Rome IV –  une classification des troubles fonctionnels gastro-intestinaux émis par la Rome Foundation.

Comment peut-on diagnostiquer un SII ?

En se reposant sur les critères de Rome qui régissent ce syndrome, on ne peut pas s’auto-diagnostiquer. Il faut s’orienter en première intention vers un médecin généraliste qui pourra poser des questions sur l’historique des symptômes. Il faut cependant s’assurer qu’il n’y ait pas d’autres pathologies sous-jacentes telles que : 

  • La maladie cœliaque, plus connue sous le nom d’intolérance au gluten 
  • Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) telles que la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique (RCH)
  • Le cancer colorectal, surtout à partir de 50 ans quand le risque est plus élevé 
  • L’endométriose et autres cancers de l’appareil digestif 
  • D’autres pathologies du foie, de la vésicule biliaire ou du pancréas
  • Des dysfonctionnements hormonaux

Pour poser le bon diagnostic, le médecin pourra réaliser des examens complémentaires tels qu’une prise de sang, une analyse des selles, une échographie ou encore une coloscopie (petite caméra dans le gros intestin). Le SII est un trouble fonctionnel de l’intestin, il n’y a donc pas d’anomalie visible, ni de marqueurs biologiques détectables par des analyses biologiques ou par imagerie médicale, d’où la difficulté de poser un diagnostic. 

Est-ce qu'on a tous le même SII ?

Malheureusement, non. Tout syndrome regroupe plusieurs symptômes, il y a donc autant de SII que de patients, ce qui complique le diagnostic et la prise en charge. Il existe cependant une classification des SII où on peut se reconnaître :

  • SII-C : où le symptôme majoritaire est la constipation 
  • SII-D : où le symptôme majoritaire est la diarrhée
  • SII-M : où il n’y a pas de symptôme majoritaire, c’est « mixte », entre diarrhée et constipation
  • SII-U : quand les symptômes ne peuvent pas être catégorisés mais que tous les critères de diagnostic sont remplis, le U est pour « unclassified » en anglais, qui signifie « non-classé ».

Ainsi, certaines personnes peuvent se plaindre de ne jamais aller aux toilettes voire frôler l’occlusion intestinale, tandis que d’autres souffrent de se “vider” en permanence et vivent avec la crainte de ne pas trouver de “petit coin” quand ils sont à l’extérieur. Malgré ces différences, il y a une souffrance commune liée à l’appareil digestif. Les symptômes les plus fréquents dans le cadre du SII sont : 

  • La douleur sur la partie basse de l’abdomen 
  • Une modification du transit : diarrhée, constipation ou les deux 
  • Les ballonnements 
  • Des gaz excessifs
  • La distension abdominale, impression de ventre de femme enceinte 

Plusieurs pathologies partagent les symptômes du SII, d’où l’importance de consulter un médecin, notamment si : 

  • Tu as perdu du poids de manière inexpliquée 
  • Il y a un historique de pathologies intestinales dans ta famille 
  • Tu as plus de 50 ans
  • Tu constates des saignements dans tes selles 
  • Tu souffres d’anémie 
  • Tu présentes une diarrhée persistante au quotidien
  • Tu as de la fièvre 
  • Tu as des douleurs abdominales nocturnes
  • Tu as des vomissements à répétition 
  • Tes symptômes progressent et s’aggravent  

Tous ces symptômes sont des « red flags » et devraient alerter sur des pathologies sous-jacentes.

Est-ce qu'on est nombreux à être atteint du SII ?

Entre 7 et 15% de la population mondiale souffrirait de ces troubles fonctionnels du bidou avec une majorité féminine et un diagnostic posé souvent avant l’âge de 50 ans, autour des 30 à 40 ans en France. Pour donner un ordre de grandeur, l’intolérance au gluten ou maladie cœliaque touche 1% de la population européenne (AFDIAG). Le syndrome de l’intestin irritable toucherait donc 7 à 15 fois plus de personnes et pourtant, on a encore du chemin à faire pour qu’il soit mieux connu du grand public ! En France le SII toucherait près de 9 000 000 de personnes, mais seulement 1/3 de cette population serait diagnostiquée. Le reste souffre en silence sans poser de mots sur leurs maux. Bien que le syndrome de l’intestin irritable pèse sur le quotidien, il n’engage pas le pronostic vital des souffrants et n’augmente pas le risque de développer un cancer du côlon ni une maladie inflammatoire chronique de l’intestin. La colopathie fonctionnelle n’est donc pas « dangereuse » bien que pénible.

Quelles sont les causes du SII ?

Aujourd’hui il y a encore du chemin à faire sur la recherche des origines du SII, mais ce syndrome est probablement multifactoriel. Les facteurs qui ont été mis en avant à date sont :

  • Un trouble de la motricité intestinale (motilité)

Une modification des mouvements gastro-intestinaux, ce qu’on appelle la motilité va jouer sur le transit. Certains vont trop vite, ce qui pousse à se rendre aux toilettes et d’autres plus lentement, ce qui fait qu’on y va moins facilement au petit coin.

  • Une hyper sensibilité viscérale

L’intestin est hypersensible chez certaines personnes, il va percevoir de façon douloureuse des phénomènes bénins et naturels du quotidien tels que les ballonnements, les contractions intestinales et les flatulences.

  • Une perception modifiée sur l’axe cerveau – intestin

Entre le cerveau et l’intestin, parfois l’information ne passe pas très bien et ils se comprennent mal, ou à l’inverse, il passe trop bien, et ils communiquent tout le temps.

 « Tu appréhendais de prendre les transports ? Ah bah maintenant tu as mal au ventre !  Et tu veux peut-être passer aux toilettes avant de partir ?» 

A cause de cette connexion intestin-cerveau, les émotions peuvent jouer sur notre digestion. Le stress par exemple, peut aggraver les symptômes du SII mais ce n’est pas une cause du syndrome.

  • L’inflammation et activation du système immunitaire

Après avoir eu une gastro-entérite, le corps peut garder des séquelles et notre bidou reste troublé même après l’infection. Avoir un état inflammatoire prolongé et un système immunitaire très sollicité de manière générale peut-être lié au développement de troubles digestifs, mais ces mécanismes sont encore un peu flous dans le pourquoi du comment.

  • La perméabilité intestinale

Ça veut dire que notre intestin, qui est normalement aussi sélectif que les vigiles de boîtes de nuit parisiennes, laisse passer des molécules qui n’ont pas lieu de se retrouver dans notre sang tel quel. Notre barrière de protection est alors un peu faible, alors nos vigiles appellent du renfort, les cellules immunitaires, qui vont chercher à éliminer les intrus.

Et nous, on subit finalement, avec des crampes, de la diarrhée et encore plein de choses sexy !

  • Déséquilibre ou modifications de la flore intestinale ou microbiote

Des milliards de bactéries habitent notre intestin avec 160 espèces différentes qui devraient vivre en harmonie entre elles et avec nous. Parfois des déséquilibres entre ces espèces se font, résultat : on va trop ballonner, avoir plus de gaz, aller plus ou moins aux toilettes. C’est notamment le cas quand on change nos habitudes alimentaires, pendant un voyage par exemple, ou après une cure d’antibiotiques. L’origine des troubles du bidou est encore mystérieuse et beaucoup de scientifiques se mobilisent sur le sujet.

Quelles sont les solutions ?

Le SII est multifactoriel, il existe donc une multitude de solutions pour mieux vivre avec son bidou. On ne peut pas parler de guérison à ce jour mais on peut apprendre à gérer ses symptômes grâce à différents leviers telles que :

  • L’hygiène de vie 
  • L’alimentation contrôlée en FODMAP : le seul protocole alimentaire thérapeutique dont l’efficacité a été démontrée dans le cadre du SII. Apprenez-en plus ici.
  • Les médicaments, spécifiques aux symptômes
  • Des compléments alimentaires
  • Les probiotiques 
  • La thérapie cognitive 
  • L’hypnothérapie

Pour résumer :

  • Le syndrome de l’intestin irritable est un trouble fonctionnel de l’intestin qui nuit à la qualité de vie mais ne met pas en jeu le pronostic vital des souffrants. 
  • Il est important de consulter un médecin pour écarter toute autre pathologie du diagnostic.-       Ce syndrome toucherait 7 à 15% de la population mondiale et environ 9 000 000 de français, dont seuls 1/3 sont diagnostiqués. 
  • Il existe de multiples causes et certaines sont encore inconnues.
  • Les symptômes sont variables selon les souffrants mais on retrouve souvent : douleurs abdominales, diarrhée, constipation, ballonnements et gaz. 
  • Il y a de multiples thérapies possibles pour mieux vivre avec le SII alors ne perd pas espoir, on t’aidera à trouver chaussure à ton pied ! 
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